Traduction française de Jean-Pierre Lefebvre
Ballade des äußeren Lebens
Und Kinder wachsen auf mit tiefen Augen,
Die von nichts wissen, wachsen auf und sterben,
Und alle Menschen gehen ihre Wege.
Und süße Früchte werden aus den herben
Und fallen nachts wie tote Vögel nieder
Und liegen wenig Tage und verderben.
Und immer weht der Wind, und immer wieder
Vernehmen wir und reden viele Worte
Und spüren Lust und Müdigkeit der Glieder.
Und Straßen laufen durch das Gras, und Orte
Sind da und dort, voll Fackeln, Bäumen, Teichen,
Und drohende und totenhaft verdorrte…
Wozu sind diese aufgebaut ? und gleichen
Einander nie ? und sind unzählig viele ?
Was wechselt Lachen, Weinen und Erbleichen ?
Was frommt das alles uns und diese Spiele,
Die wir doch groß und ewig einsam sind
Und wandernd nimmer suchen irgend Ziele ?
Was frommts, dergleichen viel gesehen haben ?
Und dennoch sagt der viel, der ”Abend” sagt,
Ein Wort, daraus Tiefsinn und Trauer rinnt
Wie schwerer Honig aus den hohlen Waben.
Ballade de la vie extérieure
Et des enfants deviennent grands, les yeux profonds,
Et ignorants de tout, deviennent grands et meurent,
Et tous les hommes suivent leurs chemins.
Et des fruits sucrés naissent des fruits âpres
Et la nuit tombent au sol comme des oiseaux morts
Et restent peu de jours à terre puis pourrissent.
Et toujours le vent souffle et toujours nous
Entendons et disons des paroles nombreuses
Et sentons et désir et fatigue des membres.
Et des routes s’en vont à travers l’herbe et il y a
Ici et là des lieux pleins de flambeaux, d’arbres, d’étangs
Et d’autres qui menacent, et mortellement secs...
Pourquoi ceux-là sont-ils construits ? Et pourquoi ne
Se ressemblent-ils jamais ? et sont-ils innombrables ?
Et pourquoi rire alterne-t-il avec pleurer et puis blêmir ?
Que nous sert tout cela et ces amusements
Pour nous qui sommes grands et seuls à tout jamais,
Voyageur que nous sommes ne cherchant plus de buts ?
Que nous sert d’avoir vu grand nombre de ces choses ?
Celui pourtant qui dit le "soir" en dit beaucoup,
C’est un mot d’où s’écoule tristesse et profondeur.
Comme un miel lourd gouttant des alvéoles creuses.
Messages
1. Ballade de la vie extérieure / Hugo von Hofmannsthal, 8 avril 2010, 14:35, par pradoc
Merci pour ce texte de Hoffmanstahl, un auteur dont j’ai relu récemment les lettres de Lord Chandos, parues en NRF poésie.
Voir en ligne : Pradoc LTD