...
Sa lignée, pour peu renommée qu’elle soit, est cependant fort ancienne, il le sait lorsqu’à certains moments il séjourne dans de montagneuses vallées d’où le soleil disparaît vite, indifférent aux grottes qu’elles dissimulent toujours.
Ou bien lorsqu’il s’abîme dans une lutte inégale et très lente avec quelque arbre très large qu’il abat puis fragmente avec un plaisir fort, sérieux, tout de retrouvailles fort lointaines.
Ou si, quelque juillet à l’extrême zénith, derme desséché de métal mat, il encastre son corps sans souci du roc fiévreux, noce solaire que n’achève pas le trop paisible battement de l’eau lourde et tiède.
Il soupçonne alors des liturgies évanouies que le vent porte parfois
encore, des voix sans déclin, des gestes essentiels
une peur sans péché d’avant les dieux, d’avant tout temple
et la vérité muette d’avant tous les grimoires.
Plaintes jaillissant
mouvements d’animaux furtifs
et l’attente
les recueillements aux jointures fléchies d’un temps immémorial
où les écorces et les troncs,
les sables et les pierres
sont le seuil formidable
des plus violents secrets
où le respect
et la terreur grise
n’ont jamais cédé.
Rien : nulle consolation
parcours absolus
Mystère des haltes
et des ébranlements soudains.
Epopées sans verbe aux héros sans métal
dont le coeur est marteau et tocsin.
Alertes frémissantes,
granit des sacrifices,
aubes de cendres aux faces livides.
Fracas des marbres rauques.
Quêtes muettes.
Ascèses sans salut.
Vigueurs fragiles.
Il en faut sans cesse, avant la douceur,
et la conquête des larmes aux fronts sévères,
avant les décrets, et les prêtres, et les nombres.
Avant l’espoir
et la louange
et les rédemptions.
L’oubli très nécessaire
les certitudes des remèdes
et les mots, les enfants aux rires clairs.